La Société Générale a frappé un grand coup en réalisant plusieurs vidéos pour leur label « Par amour du rugby » avec trois grandes stars du rugby mondial : Sylvain Marconnet, Thierry Dusautoir et Jonny Wilkinson.
Cette série de cinq vidéos se nomme Terrain favorable et fait intervenir ces trois grands noms du rugby auprès d’un petit club breton. Une des vidéos est spécialement dédié à la rencontre entre « Doudou », troisième ligne, buteur et Jonny Wilkinson, certainement l’un des meilleurs buteurs de tous les temps.
Il est logique et judicieux de chercher des conseils auprès des meilleurs. Cependant, les sources concernant Jonny Wilkinson sont rares. Il faut bien les chercher, observer attentivement son Intérieur Sport, lire consciencieusement son autobiographie ou décortiquer cette vidéo de la Société Générale. C’est ce que je vous propose ici !
En effet, cette vidéo est du pain béni. Elle nous montre directement Jonny Wilkinson en pleine séance de coaching de tir au but. Au-delà des quelques exercices concrets que tout le monde peut voir, je vous propose ici d’aller plus loin pour mieux comprendre l’approche du tir au but.
1 / Exercice n°1 : L’alignement
Dans la troisième minute de la vidéo, nous pouvons découvrir le premier exercice proposé par Sir Jonny Wilkinson. Celui-ci est très simple.
« On garde la poitrine face au ballon »
Au moment de la frappe, la poitrine doit être dirigé vers le ballon !
Donc, la poitrine ne doit pas trop rapidement s’orienter vers les poteaux au moment de la frappe, et juste après. La poitrine prend donc le temps de s’orienter vers les poteaux après la frappe grâce au deuxième exercice de Jonny que voici…
2 / Exercice n°2 : Continuer sa course après la frappe
Ce que demande Jonny à « Doudou », c’est de ne pas s’arrêter juste après la frappe.
Le tir au but est un chemin où le ballon représente une étape intermédiaire.
C’est pour cela que Jonny Wilkinson demande de continuer à trottiner après la frappe…
Dans la vidéo, Jonny montre l’exemple. Il frappe, continue sa course après le tir et dépasse donc largement le tee ! Jonny ponctue : « Et ça continue ».
En continuant sa course après la frappe, on préserve son alignement vers les poteaux, on diminue le risque de pivoter sur le côté et on augmente le phénomène de traversée du ballon.
3 / Exercice n°3 : Se concentrer sur des petits détails concrets
« Plus petite le focus, plus efficace »
« Le focus qui inclut tous les supporters, tout le club, tout le monde, c’est impossible. »
Ce conseil ne concerne pas l’aspect technique et corporel du tir au but mais son approche psychologique. Que nous dit Jonny Wilkinson ? Le maître en la matière nous explique que se concentrer sur quelque chose de large comme : « Il faut que ça passe » est inefficace.
Plus votre concentration s’orientera vers des petites choses concrètes, plus ces dernières seront respectées et plus on a de chance de réussir.
Exemple 1 : Imaginez vous en match, juste avant de taper une transformation d’essai. Vous vous dites : « Il faut que ce coup de pied de la victoire passe entre les poteaux ». Cette phrase est beaucoup trop large et conceptuelle.
Exemple 2 : Vous êtes à quelques mètres de la ligne d’arrivée de votre 100m et vous êtes au coude à coude avec un autre coureur. En appliquant ce conseil, il sera préférable de vous dire « Sois plus rapide avec tes jambes » (concret) plutôt que « Il faut que je gagne »…
Jonny Wilkinson donne quelques exemples de concentration plus ciblées :
« Il faut que j’avance avec ma poitrine »
« Il faut que je continue après le ballon »
« Il faut que je finisse fixé »
4 / Deux autres petits conseils
Nous venons de voir et de décortiquer les principaux principes et exercices que propose Jonny Wilkinson. Cependant, nous pouvons encore trouver des clés intéressantes dans cette vidéo qui sont moins visibles et explicites.
4.1 / « Le ballon va exploser »
Cette phrase est prononcée par Jonny Wilkinson lors de la troisième minutes de la vidéo. Que sous-entend t’il par là ?
Le moment de la frappe doit être le moment où vous êtes le plus à même de libérer le plus d’énergie possible (sans vous désorganiser). Pour cela, il utilise l’image de l’explosion du ballon.
Cette image peut être reliée à un passage de son autobiographie. Dans cette dernière, il explique être passé d’une approche du ballon en marchant vers une course plus dynamique. Pourquoi ? La marche lui imposait de libérer toute son énergie au dernier instant, sur un moment très bref, en un coup sec. L’adoption d’une course, à la vitesse crescendo, lui a permis de mieux doser sa puissance, d’emmagasiner plus d’énergie et de la libérer de manière plus fluide.
Dans la vidéo, il relie cette expression à l’exercice de course après la frappe. En effet, si vous continuez votre avancée après la frappe, votre libération d’énergie n’est pas figée au seul moment du coup de pied mais se prolonge dans le temps et dans l’espace. Moins d’accoup, plus de fluidité pour votre tir !
4.2 / L’endroit du terrain où vous devez travaillez votre technique
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais l’essentiel de l’entraînement de la vidéo se déroule non loin des poteaux, certainement en deçà des 22 mètres. Pourquoi ? Parce-que la découverte et la progression d’un domaine technique spécifique ne doit pas être perturbée par la volonté de réussir votre coup de pied.
Si vous faites un exercice spécifique sur la traversée du ballon à 40 mètres, cela représente un risque. En effet, au bout de quelques tirs, naturellement, votre attention peut se porter plus sur la réussite de votre coup de pied que sur l’aspect technique censé être au travail. Pour court-circuiter ce biais, il suffit de se placer proche des poteaux, entre 15 et 25 mètres. Comme cela, même si pendant votre exercice spécifique vous n’êtes pas très à l’aise (et c’est normal vu qu’il y a des réaménagements), vos coups de pied continueront de passer entre les poteaux. C’est peut-être un détail, mais pour la confiance c’est essentiel !
4.3 / « Si tu n’es pas un petit peu malaise, tu n’apprends pas ».
Ici, il est clairement question de la zone de confort.
L’exercice du tir au but induit de la routine, de la prévisibilité, du « même » ! La routine et les habitudes qui la compose sont par définition prévisibles. On les connaît, on les répète souvent, elles sont confortables.
Les remaniements qu’induisent de nouveaux exercices, de nouvelles façons de faire et de concevoir le tir au but peuvent être inconfortables, au départ.
« Si c’est déstabilisant, ça veut dire que c’est bon ».
« Si tu n’es pas un petit peu malaise, tu n’apprends pas ». Jonny Wilkinson
On entend par moment que le tir au but est quelque chose de mécanique, de machinal car il faut faire tout le temps les mêmes gestes. Selon moi, c’est un énorme contre-sens. Il n’y a jamais deux coups de pieds identiques ni même deux réalisations techniques similaires. Les bases et les fondamentaux sont constants, oui ! Le tir au but est fait de mouvement, de changement. Je ne parle pas ici de tout remanier, à chaque séance, dans votre technique. Cette dernière s’améliore avec le temps et les entraînements. Néanmoins la répétition qu’induit naturellement le tir au but ne doit pas vous enfermer dans une zone de confort.
S’inscrire trop longtemps dans sa zone de confort et ne plus découvrir de nouvelles choses est une forme de petite mort. Si vous vous ennuyez et avez l’impression de perdre votre temps quand vous allez buter, il est peut-être venu le moment d’inclure de la nouveauté. Nul besoin de révolutionner votre technique, elle peut rester la même, mais elle doit être « mise à l’épreuve » par de nouveaux exercices et de nouvelles situations.
Comment sortir de sa zone de confort ?
- Nouveaux exercices à l’entraînement
- Échanger avec d’autres buteurs pour « confronter » les différents points de vue
- Se lancer de nouveaux défis (réussir trois matchs d’affilé à 100% de réussite par exemple)
- Transmettre aux plus jeunes (cadets, juniors)
- Etc.
La vidéo pour ceux qui souhaitent la visionner :
Crédit vidéo : Société Générale
Merci d’avoir lu cet article en entier ! N’oubliez pas de laisser un commentaire pour donner vos impressions et de partager l’article à un buteur que vous connaissez 🙂