Jonny Wilkinson est une star, c’est une évidence. Sa popularité et sa notoriété dépassent largement les frontières de l’Ovalie. Détenteur de nombreux records sur la scène internationale, anobli par la reine, intelligent, altruiste, bourreau de travail, Jonny peut être décrit de mille et une façons. Icône du rugby moderne et personnage public, il reste cependant discret et réservé.
Que savez-nous réellement de Jonny Wilkinson, de son histoire, de sa personnalité complexe, au-delà de ce qui est communément raconté sur lui ? Dans son autobiographie, Mémoires d’un perfectionniste, il nous parle de lui, en toute franchise. Il livre au lecteur son ressenti à travers différents temps de sa vie, de ses premières années à l’école de rugby de Farnham jusqu’à la coupe du monde 2011 en passant par son drop victorieux de 2003 mais aussi par ses périodes les plus sombres. Ce livre permet de connaître un peu mieux Jonny, le joueur, mais aussi l’homme.
Véritable légende vivante du rugby à 15, je vous propose 15 faits que vous ignorez sûrement à propos de Sir Jonny Wilkinson tirés directement de son autobiographie ! En voici les 7 premiers.
1 / Jonny Wilkinson est angoissé depuis … toujours !
Les premières lignes du premier paragraphe sont éloquentes. Jonny a 7 ans, son père l’amène à l’école de rugby, et ce dernier doit se garer sur le côté de la route pour que Jonny vomisse. L’idée du prochain match, ne pas contrôler ce qui peut arriver le met dans un état de panique !
« Une angoisse profonde liée à ce qu’il pourrait arriver si tout ne se déroulait pas comme je l’avais prévu sur le terrain. »
Le matin de match, le stress l’assaillit et le sort de son sommeil à 6 heures du matin. Jonny semble ne pas supporter l’idée de l’échec. Il dit ne pas avoir le droit à l’erreur. Ce constat le pousse plus ou moins consciemment à devenir … Perfectionniste !
« Je sens que le remède à mes souffrances est de devenir un être parfait »
A l’école le constat est identique. Jonny est angoissé par l’idée de l’échec. Quand il obtient un 19/20 en dictée au lieu de son 20/20 habituel, il « perd complètement pied » et sent son cœur battre de manière syncopée.
Tout au long du livre, on peut retrouver à de nombreuses reprises la description de ces épisodes d’angoisse avec un vocabulaire assez parlant :
« les symptômes de la panique réapparaissent » ; « je me sens de plus en plus nerveux, angoissé » etc.
2 / C’est un buteur hors pair mais …
Mais buter n’est pas la chose qui l’anime le plus. Cela peut paraître étonnant mais Jonny Wilkinson le livre assez clairement dans les premières pages du livre.
« Être un excellent buteur n’est pas vraiment la chose qui m’excite le plus ; mais je déteste l’idée de louper mes coups de pied ».
3 / C’est la volonté de marquer des essais qui l’anime le plus
Le style de jeu de Jonny peut être perçu comme assez froid, stratégique, calculé. Ce cliché est renforcé par son statut de serial-buteur. Pas besoin de jouer beaucoup, il suffit d’attendre la faute de l’adversaire quand on a Jonny dans son équipe … Son style semble en effet assez éloigné de joueurs tels que Quade Cooper ou Carlos Spencer pour les anciens. Et pourtant, Jonny est un attaquant né !
Quand Clive Woodward, ancien entraîneur du XV de la Rose, lors d’une tournée en Afrique du Sud, lui demande de taper plus de drops pour marquer psychologiquement l’adversaire, Jonny a beaucoup de mal à accéder à sa requête.
« Il (Clive, Ndlr) veut des drops. Ma nature profonde m’empêche de lui donner satisfaction. Je ne recherche que les essais« .
Paradoxalement, Jonny est entré dans l’histoire de ce sport grâce à son drop victorieux en finale de Coupe du monde. Ensuite, beaucoup ont résumé Jonny à son jeu au pied, ses drops, son pourcentage de réussite, en occultant ses performances offensives balle en main. Dans l’épilogue de son autobiographie, Jonny porte un regard assez lucide sur le statut qu’il a acquis, un peu malgré lui, au fil des années :
« Quand les choses ne tournent pas rond, tout cela se résume à revenir dans le camp adverse et à prendre le score. J’ai acquis un style beaucoup plus stéréotypé que ce que j’aurais imaginé ou souhaité« .
Les dernières pages de son livre sont des témoignages de certains de ses anciens coéquipiers dont Felipe Contepomi, Sonny Bill Williams ou Jamie Noon. Ce dernier témoigne :
«Nous lui demandions de dégager loin. Et il refusait : « Je ne veux pas taper, je pense que nous devrions encore essayer de jouer« ».
4 / Jonny Wilkinson n’est pas le meilleur buteur de tous les temps
Jonny est une « kicking machine ».. Autrement dit une machine concernant le jeu au pied. Son niveau de précision est tout simplement incroyable. Sa qualité du pied droit, son « mauvais » pied laisse sans voix. Sa régularité du pied gauche laisse… sans voix aussi ! Et pourtant Jonny n’est pas le meilleur réalisateur du monde. Il est devancé par un certain Daniel Carter, lui aussi gaucher, lui aussi n°10. Daniel Carter a inscrit plus de 1500 points (1598) sur la scène internationale avec les All Blacks et Jonny « que » 1246 points avec le XV de la Rose. Les longues années de blessures de Jonny tempèrent ce résultat. Combien de points aurait-il inscrit sans ces 4 années quasiment sans jouer ?
Daniel Carter compte 112 sélections donc un ratio d’environ 14 points par match ! Jonny comptabilise 91 sélections plus 6 avec les Lions Britanniques. Son ratio est donc de 12 points par match sur la scène internationale…
Jonny est décrit comme presque infaillible dans le domaine des tirs au but. Néanmoins on peut trouver dans son autobiographie des passages où il n’a pas tout enquillé…Comme ce match décrit contre la sélection Sud-Est de Londres avec celle des Midlands où Jonny loupe … six tirs sur sept !
« Ces six coups de pied ratés auraient été synonymes de victoire s’il étaient passés ».
Même si cet épisode est très délicat à gérer pour Jonny car il « passe en tant que buteur, une de [s]es pires journées », il est dès le lendemain au travail pour ne pas revivre moment pareil. Se réfugier dans des valeurs de travail peut être enfermant mais a permis à Jonny de toujours progresser et d’arriver au niveau qu’on lui connaît.
5 / Il a pu insulter ses adversaires pendant le match !
Visage d’ange, humble, dévoué, adoubé par la reine, on ne tarit pas d’éloges quand on évoque Jonny Wilkinson. Décrit comme un gentleman, qui ne mettait « jamais de coup bas », qui n’en « mettait jamais une » par Eric Champ, « d’homme parfait » par Tom Whitford (vidéo ici), il lui est arrivé d’être assez ordurier et vulgaire sur un terrain de rugby !
Cela peut surprendre, mais voici un passage du livre :
« Je pensais en avoir fini avec les insultes. Je pensais avoir dépassé ce stade mais un des joueurs italiens me vise sciemment. (…) Avant de me reprendre, j’ai hurlé : « Ne laissez plus passer cette merde dans mon secteur !« . »
Jonny attaque les matchs avec tellement de pression, une envie démesurée de tout faire parfaitement et surtout de marquer l’adversaire qu’il a pu par moment être injurieux par « excès de stress ». On retrouve quelques-uns de ces épisodes dans les 200 premières pages du livre. Jonny ponctue tout de même juste avant la citation ci-dessus qu’il « aurais mieux faire de se taire », et qu’il ne recommencera plus !
6 / Il aurait préféré ne pas jouer certains matchs pour éviter la pression
Vous l’avez certainement compris au vue du début de l’article, Jonny est quelqu’un de très anxieux. Les veilles de match sont parfois pour lui un vrai supplice tant la pression qu’il se met est à la fois crescendo et invivable. Pour éviter ce stress qui le ronge intérieurement, il aurait parfois préféré ne pas jouer le match et directement se retrouver quelques heures après le coup de sifflet final.
« Si quelqu’un me donnait maintenant le pouvoir d’accélérer le temps pour me retrouver cinq heures plus tard, je signerais tout de suite. Si l’on pouvait me dire que j’ai réussi mon match, j’achèterais aussi. Je serais prêt à me priver du plaisir de jouer juste pour rester assis là, me contentant d’apprendre que tout s’est suffisamment bien passé pour calmer mes peurs, sans devoir endurer ce calvaire« .
7 / Jonny Wilkinson ne tient pas l’alcool
Son désir de perfection passe par de nombreux entraînements et une hygiène de vie impeccable. Après 2003, Jonny ne boit que pour les très grandes occasions, comme pour les soirées post-Coupe du Monde. 4 ans sans faire la fête déshabitue le corps assez rapidement de l’alcool. Résultat, ces soirées se terminent invariablement par un vomi, une sacrée gueule de bois, et un lendemain extrêmement difficile !
Après la finale de la Coupe du Monde 2007, le lendemain est très délicat pour la star anglaise :
« Le lendemain, je ne suis pas frais. Au milieu de l’après-midi je vomis encore toutes les vingts minutes. (…)
– Simon ? Crois-tu que j’ai attrapé cette gastro ?
– Non. Ça s’appelle la gueule de bois. Et si tu n’attendais pas quatre ans entre deux cuites, tu le saurais ».
Mike Catt, grand ami de Jonny, nous témoigne du changement que la victoire en Coupe du Monde a eu sur Jonny :
» A ses débuts, il aimait bien sortir boire quelques bières le samedi soir. (…) Mais il n’étais pas encore un héros. A partir de 2003, il ne pouvait plus se relâcher. »
La première partie de cet article est terminée. Vous pouvez retrouver dans la SECONDE PARTIE pourquoi il adopte cette posture si particulière au moment de buter, son meilleur moment sur un terrain en tant que rugbyman et le super-pouvoir qu’il a acquis « grâce » à la célébrité !
Merci pour votre lecture,
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