Comment transformer l’échec en opportunité pour un buteur ?

Cet article est écrit afin de participer au carnaval organisé par la talentueuse Caroline du blog Le Colibri Imparfait… Vous pouvez jeter un petit coup d’oeil à son blog juste ici !

Qu’est-ce qu’un carnaval d’article et pourquoi je participe à celui-ci en particulier ?

Carnaval d’article… Qu’est-ce que c’est ?

Pratique assez répandue par-delà l’océan Atlantique, elle est encore assez méconnue sur notre territoire. Il s’agit d’un regroupement de blogeurs qui écrivent chacun un article sur un même sujet tout en gardant leur spécificité et leur thème de prédilection !

Pour les lecteurs, c’est une découverte rapide d’autres d’univers autour d’une thématique commune.

Pour les blogeurs, c’est un moment d’échange et de rencontre. En bref, c’est tout bénéf’ !

Pourquoi ce Carnaval et pourquoi chez « Le colibri imparfait » ?

Ce carnaval a pour thème initial : « cet échec ou épreuve qui s’est révélé être une opportunité”.

Le blog Culture Rugby aborde plusieurs thématiques mais la plus importante reste l’exercice du tir au but. L’échec est une partie intégrante du quotidien du buteur. Je dirais même que c’est le facteur X, celui qui différencie un buteur lambda d’un très bon buteur ! Le comportement d’un buteur face à l’échec, à fortiori le sien, déterminera en grande partie sa dynamique de progression future et donc sa réussite.

« Le colibri imparfait » semble être à plusieurs niveaux assez relié à la thématique du tir au but très présente sur le blog Culture Rugby !

L’histoire du colibri, popularisée par Pierre Rahbi et son « Mouvement Colibri » est la suivante :

Un feu se déclare dans la forêt amazonienne… Les animaux se regardent entre-eux et restent passifs, sauf un : le colibri ! Ce dernier fait des allers-retours incessants entre une source d’eau et le feu en question pour y déposer quelques gouttes qu’il a pu stocker dans son petit bec. Les autres animaux (toujours passifs), se moquent du colibri et critiquent son efficacité. Ce petit oiseau, courageux au demeurant, rétorque de tout l’aplomb d’un colibiri et dit : « Je fais ma part, et vous ? ».

Ce petit colibri endosse ses responsabilités et agit en conséquence contrairement aux autres animaux. Morale de l’histoire : on peut agir à notre niveau. Nos petites actions cumulés entre-elles ne s’ajoutent pas, mais multiplie l’effet recherché !

Est-ce qu’un buteur est un colibri ?

Crédit Flickr : George Olcott

En partie oui. Un buteur à la responsabilité du tir au but et le poids d’un match, d’une saison voire d’un titre sur ses épaules et au bout de ses crampons.  Il est souvent le dernier maillon pour concrétiser de nombreux efforts intenses consentit par l’équipe dans son entièreté. Il essaye de faire sa part de responsabilités dans l’équipe en inscrivant les points au pied quand il le faut.

Monter au rang de héros ou conspuer comme le dernier des pestiféré, le buteur doit faire face à ce genre de réactions suivant si son tir au but passe 1 cm au-dessus ou 1 cm en dessous de la barre. Un détail en somme… Pour exemple récent, les réactions sur Twitter à la suite de la pénalité manquée de Anthony Belleau face à l’Irlande lors de ce tournoi des 6 nations 2018… Ou la pénalité loupée de François Trinh-Duc contre les gallois.

En général, le buteur est taiseux dans l’échec (et dans la victoire aussi), et se remet au travail en silence donc, mais aussi dans l’ombre, afin de mieux « endosser » ses responsabilités de marqueur pour les matches à venir. Le buteur est une sorte de petit colibri car l’équipe de rugby est une constellation d’animaux de la forêt très divers… 😉

Le buteur est un colibri IMPARFAIT !

L’entraînement au tir au but induit de la répétition et du même… Cela peut malheureusement glisser vers une recherche de perfection. Le tir au but n’est pas une recherche de technique parfaite. Jonny Wilkinson, une référence dans le domaine, était un être en recherche constante et permanente de perfection. Cela l’a amené certainement au niveau qu’on lui a connu. Mais à quel prix ? Une dépression sévère (Cf son autobiogrpahie) et il dit lui même avoir souffert de troubles mentaux durant toute sa carrière. Ici, nous sommes dans le cas extrême. Comment alors doser ce soucis de perfection et accepter l’imperfection ?

Vous ne pourrez jamais reproduire deux tirs identiques, c’est impossible ! Alors autant arrêter tout de suite de rechercher le tir parfait, vous ne pourrez l’exécuter au mieux qu’une seule fois 😉 La recherche d’une technique confortable, efficace et facilement reproductible est bien plus judicieux !

Par ailleurs, il est inutile de vouloir copier un grand buteur (Sexton, Carter etc.) en pensant qu’ils ont une technique parfaite ! Ils ont une technique qui leur va parfaitement, nuance. C’est à dire qu’elle est adaptée à leur morphologie, leur niveau de coordination, leur tempérament etc. Alors au lieu de les copier, recherchez la technique qui vous correspond, elle sera encore plus belle 😉

 « L’important n’est pas de faire dix sur dix à l’échauffement mais de s’accepter soi-même. » Jonny Wilkinson

Comment faire de l’échec d’un tir au but une opportunité ?

Si le tir au but est aussi présent sur le blog c’est parce que cela est ma passion. Je le pratique depuis aussi longtemps que je joue au rugby. J’ai l’honneur d’endosser cette responsabilité dans le club où je joue. Je n’ai pas l’habitude de parler de ma propre expérience ici mais cela se prête beaucoup mieux pour cet exercice du carnaval de Rio d’articles.

Loin d’être infaillible, j’ai connu un jour sans lors d’un dimanche boueux pendant cet hiver 2017-2018. Un beau 0 sur 3 ! Pas de contestation possible, pas de vent, juste trois échecs en autant de tentatives. 100 % face aux perches, mais 100 % d’échec !

Avec ses 8 points manqués, notre équipe court derrière le score jusqu’à l’heure de jeu dans un combat assez âpre, les deux équipes se tiennent. Peu après l’heure de jeu, toujours au coude à coude, on prend un essai casquette qui tue le match. Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer ce qu’il se serait passé si j’avais inscrit les points qui s’offraient à nous ? On aurait certainement eu l’occasion de faire douter nos adversaires et qui sait, de peut-être l’emporter.

L’écart de 16 points au score final en notre défaveur pourrait faire penser que les points loupés au pied sont anecdotiques. En effet, 8 points de plus et la défaite aurait été tout aussi certaine comptablement parlant. Cependant le déroulé et la réalité du match permettent de tirer une conclusion tout autre.

Notre réaction face à l’échec, un moment clé

Notre comportement face à l’échec conditionne notre évolution. Nous vivons un échec, comment réagissons nous ? Colère ? Tristesse ? Abattement ? Abandon ? Refuge dans le travail ? Projection de la faute sur l’autre ? Etc.

Dans l’expérience précédemment citée, j’aurais pu mettre tout le poids de la défaite sur mes épaules. En effet, mes échecs au pied ont joué un rôle dans le résultat final du match, c’est indéniable. Cependant, la culpabilité est clairement un frein. Un frein empêche d’avancer, et c’est exactement le contraire de ce que je souhaitais.

Ici, hors de question de rejeter la faute sur les autres. Je souhaitais apprendre de mes erreurs, pour éviter qu’elles ne se reproduisent bien entendu.

Apprendre de ses erreurs, sans les ressasser

Après chaque rencontre, on repense à certaines actions, certains faits de jeu. Tous les sportifs connaissent ça. Après un jour sans au pied, on y repense, un peu, beaucoup, parfois un peu trop. Comment alors faire de ses erreurs une opportunité sans être obnubilé par ces dernières ?

Visualiser encore et encore ses trajectoires de balle qui fuient la cible et les poteaux est improductif. Ressasser ses erreurs peut se révéler être un véritable poison. Un venin venant d’un passé qu’on ne peut pas changer et qui empêche d’avancer dans le présent.

Ici, commencer à comprendre les raisons de ces trajectoires a été la première marche, la première étape de transformation de mes erreurs.

Que s’est-il passer ? Pourquoi ai-je loupé ? Quels facteurs sur lesquels j’ai de l’influence n’était pas réunis pour réussir ? Comment améliorer ces facteurs ?

Identifier les causes internes de l’échec est un premier grand pas. L’échec commence à se transformer. Cependant, en rester à cette étape ne permet pas de se créer une opportunité de progresser.

Donne moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles sur lesquelles j’ai du pouvoir et la sagesse de reconnaître la différence. Reinhold Niebuhr

Revenons à nos coups de pied :

⇒  Les raisons internes à mes échecs face aux poteaux :

  1. Manque de traversée de balle
  2. Equilibre précaire (terrain boueux)
  3. Confiance qui s’étiole au fur et à mesure

⇒ Causes externes : La qualité du terrain. Je n’ai aucune influence dessus, autant de pas y penser autre mesure.

L’état du terrain AVANT le match de ce fameux 0 sur 3 !

De ce que j’ai pu analyser et comprendre de mes échecs de ce jour, le manque de traversée était le facteur primordial. Cependant, il n’était pas isolé car le manque d’appui stable (équilibre) a aussi influé sur la manière de frapper et de s’engager corporellement lors de coups de pieds.

Quand on veut transformer un échec en opportunité, identifier les causes représente 50% du chemin.

Agir sur les causes internes de l’échec pour ne plus qu’il se reproduise et le transformer

Agir, transformer l’échec, est bien plus simple quand les causes de ce dernier sont clairement identifiés. Agir représente la dernière partie du chemin.

Ici, il m’a suffit d’intégrer lors des entraînements des exercices de traversée de balle sur des terrains de qualité passable. Ceci a permis de faire de cet épisode de 0 sur 3 un malheureux accident de parcours ! Depuis, la réussite est au rendez-vous. Ce 0 sur 3 est un lointain souvenir. Cependant, il n’est ni oublié ni refoulé bien au contraire ! Il me sert toujours de rappel concernant les pouvoirs d’un échec.

L’état d’esprit qui m’a permis de rebondir était emprunt de lucidité, de calme et d’un certain pragmatisme.

Loin de moi l’idée de me jeter des fleurs avec ce dernier paragraphe, j’ai déjà été beaucoup plus en difficulté par le passé suite à des matchs sans aucune réussite au pied. Pour exemple, me rajouter des séances interminables exactement du lieu du coup de pied raté. Me réfugier dans la sacro-sainte valeur du travail sans jamais investir 1% de mon énergie dans la compréhension de l’échec. J’y ait perdu beaucoup de temps, de confiance et d’énergie.

Chacun son chemin. L’échec n’est agréable pour personne. Si vous lisez cet article jusqu’au bout, ou un autre article de ce carnaval, j’espère que vous trouverez les solutions qui vous parlent pour transformer un échec, plus ou moins ancien, en quelque chose de porteur.

Conclusion

Il faut mieux tomber et se relever à chaque fois que de ne jamais tomber.

Cette citation aux nombreuses variations n’est ni plus ni moins dans le thème de l’échec et de la transformation de ce dernier.

Pour les plus cartésiens  :

  1. Repenser à ses échecs pour identifier les causes sans pour autant ressasser advitam eternam le résultat décevant…
  2. Trouver les actions pour améliorer les facteurs sur lesquelles vous avez de l’influence, et laissez les autres de côté.
  3. Appliquer ces actions
L’échec, dans toutes ses composantes désagréables, douloureuses, énervantes, est néanmoins le moteur et l’occasion la plus franche de progresser, rebondir, avancer !

Quelqu’un qui n’échoue jamais est une personne qui ne tente rien ou qui entreprend seulement des choses trop faciles.

Même les plus grands génies se confrontent aux échecs, pourquoi pas vous ? 😉

Pour les buteurs, laissez en commentaire votre pire prestation au pied, vous verrez ça fait du bien ! 🙂

Pour les lecteurs du carnaval, l’espace des commentaires est aussi disponible. Libre à vous de partager votre avis sur le thème ou même un de vos échecs personnels qui s’est révélé peut-être la meilleure chose qui vous soit jamais arrivé !

 

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